À Paris, la croissance fulgurante des locations meublées touristiques, propulsée par des plateformes comme Airbnb, Booking.com ou Abritel, a profondément bouleversé le paysage urbain et la vie des Parisiens. Longtemps perçue comme une opportunité d’échange et de partage culturel, cette pratique tend désormais à basculer dans une dynamique de prédation, où la disponibilité du logement traditionnel se raréfie, et où les quartiers historiques se transforment sous la pression touristique. Alors que la Ville serre la vis avec des mesures fortes, entre interdiction des boîtes à clé et limitation des nuitées, il devient urgent de comprendre les enjeux et impacts de cette mutation.
Évolution des locations touristiques à Paris : du partage à la prédation
Un rapport récent de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) souligne que Paris comptait en août 2024 près de 98 000 annonces de logements meublés touristiques, représentant une offre presque équivalente à celle de Londres, et largement supérieure à New York (37 000) ou Barcelone (19 000), ces dernières villes ayant adopté des règles plus strictes pour endiguer ce phénomène.
Paris a connu une expansion rapide de cette forme d’hébergement entre 2015 et 2017, suivie d’un ralentissement marqué durant la crise sanitaire, avant une reprise vigoureuse à partir de 2023. Les quartiers du Marais et de Montmartre apparaissent comme des épicentres privilégiés, où la concentration des meublés touristiques a profondément modifié le tissu social local.
- Montée en puissance des plateformes : Airbnb, HomeAway, Wimdu, Tujamo et WaytoStay.
- Développement parallèle de sites comme Tripadvisor, Locat’me et Sonder, élargissant l’offre.
- Conversion d’appartements classiques en locations courtes durées avec pour objectif un rendement maximal.
- Débordement des outils traditionnels de régulation urbaine.

Conséquences sur le marché immobilier et la vie locale parisienne
Si ces locations facilitent aux touristes un séjour plus économique que l’hôtel, le coût moyen à Paris ayant grimpé à 190 euros la nuit pour un hôtel, elles posent des problèmes majeurs : raréfaction des logements destinés à l’habitat permanent, montée des loyers, disparition des commerces de proximité remplacés par des établissements tournés vers une clientèle touristique.
Ian Brossat, sénateur PCF et ancien adjoint au logement de la capitale, a résumé cette dérive : « Nous sommes passés du partage à la prédation. De nombreux propriétaires ont transformé leurs biens en plateformes lucratives certes, mais au prix de la vitalité du marché locatif traditionnel.
- Hausse des tensions sur le marché locatif dans une ville où construire du neuf reste rare.
- Transformation accélérée des quartiers historiques, bouleversant leurs identités.
- Multiplication des cafés et restaurants à destination des visiteurs, au détriment des commerces locaux.
- Perte d’un lien social depuis longtemps inscrit dans la culture parisienne.
Mesures renforcées à Paris pour réguler les meublés touristiques en 2025
Face à ces enjeux, la Ville de Paris a pris des mesures ambitieuses pour contenir cette vague. L’une des plus emblématiques est l’instauration depuis janvier 2025 d’une limitation à 90 nuitées maximum par an pour la location d’une résidence principale.
Autres règles importantes :
- Obligation d’enregistrement en ligne pour tous les loueurs via des plateformes comme Abritel ou Booking.com.
- Interdiction stricte des boîtes à clé, symboles d’un modèle industriel et déshumanisé.
- Interdiction de louer un logement entier qui n’est pas la résidence principale, sauf exceptions liées aux anciens bureaux.
- Sanctions renforcées, les amendes pouvant désormais atteindre 100 000 euros pour les infractions.
Cette politique découle notamment d’une loi adoptée fin 2024, portée par des parlementaires comme Annaïg Le Meur et Iñaki Echaniz, et trouve une large adhésion transpartisane. Elle marque un tournant dans la lutte contre la pression touristique sur le logement à Paris.
Plateformes et responsabilité : un défi partagé
Le rôle des plateformes est également scruté. Si Airbnb demeure le leader incontesté, des acteurs comme HomeAway, Wimdu, Tujamo, WaytoStay, Locat’me, Sonder, Tripadvisor et Booking.com contribuent activement à la dispersion de l’offre. Cette diversité complexifie la traçabilité et la régulation des annonces.
- Mise en place d’outils de contrôle plus sophistiqués par la mairie.
- Collaboration renforcée entre autorités et intermédiaires numériques.
- Campagnes de sensibilisation pour encourager un tourisme plus respectueux des habitants.

FAQ : tout savoir sur la location meublée touristique à Paris
- Quelle est la durée maximale de location autorisée pour une résidence principale à Paris ?
La location est limitée à 90 nuitées par an pour la résidence principale depuis janvier 2025. - Quelles sont les sanctions en cas de non-respect des règles ?
Les amendes peuvent aller jusqu’à 100 000 euros pour les locations non conformes. - Les boîtes à clé sont-elles autorisées ?
Non, la Ville de Paris a interdit ces dispositifs pour limiter les locations déshumanisées. - Quelles plateformes participent à cette offre ?
Les principales sont Airbnb, Booking.com, Abritel, HomeAway, Wimdu, WaytoStay, Tujamo, Locat’me, Sonder, et Tripadvisor. - Un logement non-résidence principale peut-il être loué ?
Cela reste interdit sauf s’il s’agit d’un ancien bureau avec autorisation de changement d’usage.